Je lis très peu de fantasy mais j'ai lu tellement de bonnes critiques que j'ai voulu découvrir ce premier tome intitulé Capitale du Sud publié en 2021 aux Editions Aux forges de Vulcain.
De son côté, Claire Duvivier a aussi publié une trilogie Capitale du Nord, complémentaire de celle de Guillaume Chamanadjian. Projet ambitieux et très intéressant du point de vue créatif !
L'ensemble de cette œuvre - les six tomes- constituent le cycle de la Tour de garde.
C'est un véritable livre d'aventure, le lecteur n'a pas une seconde de répit, on ne s'ennuie pas !
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Un univers riche
Nous découvrons dès le début un univers touffu. Ce n'a pas été évident de comprendre l'histoire puisque nous ne sommes pas dans un monde réel mais c'est proche de la réalité. Néanmoins, le décor se met en place. Nous sentons que c'est réfléchi, travaillé et que l'auteur sait exactement où il veut aller. J'ai failli lâcher mais en même temps, j'avais tellement lu de bonnes critiques que je me suis accrochée.. ce n'est pas trop mon style de littérature, je n'ai pas l'habitude mais il faut le dire, c'est passionnant, les descriptions, mes dialogues sont nombreux et j'avais les odeurs de la cité qui me montaient au nez ! Et il faut le rappeler, il s'agit d'un cycle intitulé La tour de garde donc ce n'est que le début, il faut bien planter le décor.
Le champs lexical utilisé pour décrire la ville est celui de l'univers médiéval.
Extrait p.17 (début du roman)
"La ruelle de pierres rouges ne portait pas de nom, évidemment. Elle avait été percée moins d'une vingtaine d'années auparavant, et la Recluse avait déjà décidé qu'une artère aussi étroite ne méritait pas qu'on l'honore avec un tracé sur une carte.
Je m'y engageai avec prudence en serrant ma besace contre moi. Le quartier de la Poivrière-au-Coq avait longtemps été un lacis où traînaient parmi les pires brigands du secteur du Port. Le Souffleur en son temps en avait fait un repaire pour les prostituées et les contrebandiers. Malgré les efforts du duc Servaint, le coin ne s'était guère arrangé et je m'y aventurais le moins possible. Les rues sentaient l'humidité et la sueur. La population était dense et vous regardait comme si vous étiez un étranger. La température étouffante n'arrangeait rien.
J'arrivai bientôt à la poivrière, un édifice rond de quatre ou cinq étages. Le mortier noircissait par endroits, laissant craindre une catastrophe imminente sur la petite place ensoleillée en dessous."
Le vocabulaire est riche. J'ai ainsi appris la signification du mot "atavique" et oui une maladie atavique signifie une maladie héréditaire, je me coucherai moins bête...
C'est un véritable livre d'aventure, le lecteur n'a pas une seconde de répit, on ne s'ennuie pas !
L'histoire
Le héros s'appelle Nohamux, surnommé Nox.
Il vit dans une cité, partimenté en maisons. Nox fait partie de celle dite de la Caouane (encore un terme que j'ai découvert, il s'agit d'une tortue). Il est sous la coupe du Duc Servaint, entre enfant recueilli ou servant, on ne sait pas trop ! Nous allons suivre le récit de ce fameux Nox et découvrirons en même temps que lui que la cité renferme de nombreux secrets.
*** Alerte spoil *** Ne lisez pas si vous souhaitez découvrir l'histoire avec des surprises !
Un jour, va lui être offert un recueil de poèmes fort intriguant. Grâce à un poème, il va accéder à une ville "miroir" de celle où il vit mais différente : sombre et pleine de démons. Il s'agit presque de l'envers de la ville, le "Nihilo", un endroit où il n'y a personne
« Ta ville vide. C'est une légende qui vient de l'Entre-deux-Murs. En patois ils appellent ça "le Nihilo". Ca signifie personne. [...] C'est ma mère qui m'en a parlé, se défendit-il en constatant ma stupéfaction. Elle nous menaçait, ma sœur et moi, quand nous étions petits. Si vous ne finissez pas votre assiette, le Nihilo va vous aspirer et vous dévorer. Ce genre de choses."
De nombreux prix
Guillaume Chamanadjian a reçu pas moins de cinq prix pour ce roman : Prix Imaginales du roman francophone 2022, Prix Libr’à Nous 2022, catégorie « imaginaire », Prix Imaginaire de la 25ème heure du Mans, Prix Imaginales des Bibliothécaires 2022, Prix de L’Antre Guillemets, 2021.
--- Extrait ---
p.207-208, Nox suit des cours pour travailler auprès du Duc Servaint
"En fait d'apprentissage, les leçons que Tyssant me dispensait pouvaient se réduire à trois points importants, comme lui-même l'affirmait.
"Règle numéro un : ne jamais faire confiance à personne, mais cela, tu le sais déjà, Nox. Règle numéro deux : tout le monde a un prix. Souvent ce prix se paie en argent, mais pas toujours. Tu dois apprendre à deviner ce que désire ton adversaire avant d'avancer tes propres revendications.
"Règle numéro trois : en dernier recours, un coup de poignard placé au bon endroit et au bon moment peut éviter une guerre."
Pour le reste, l'essentiel de son enseignement consistait en des leçons d'élocution et d'éloquence.
Apprendre à placer ma voix de manière qu'elle se fasse mieux entendre, interrompre une conversation au moment le plus opportun, anticiper les réactions de mes interlocuteurs, les guider imperceptiblement vers les décisions que je souhaitais qu'ils prennent.
Tout cela était d'un ennui mortel. Tyssant égrenait ses leçons d'un ton monocorde tandis que je m'épuisais pour ma part à m'entraîner sur des points qui me paraissaient évidents. La plupart des prétendues techniques dont il me parlait me servaient déjà depuis des années à convaincre un client d'acheter du vin avec son jambon, ou à refourguer une mesure d'huile en plus. Je pensais acquérir un nouveau savoir qui me propulserait au plus haut des intrigues de la Cité, et je me rendais compte que le grand projet qui la divisait n'était rien d'autre qu'une négociation commerciale de bas étage."
L'avis de Charlotte
On suit le protagoniste d'un point de vue interne ce qui permet au lecteur de vivre véritablement l'aventure ! Le texte est riche et foisonnant.
Malgré tout, je n'ai pas réussi à véritablement accroché mais je pense que c'est lié à mes goûts personnels, je préfère la littérature contemporaine et j'ai eu du mal à me projeter dans cet univers.
Malgré tout, je n'ai pas réussi à véritablement accroché mais je pense que c'est lié à mes goûts personnels, je préfère la littérature contemporaine et j'ai eu du mal à me projeter dans cet univers.
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6,5/10
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- Article de 20 Minutes, "« Le sang de la cité » : La fantasy de Guillaume Chamanadjian met les cinq sens en éveil", Cathy Borie, 12/12/2022
- Article de Syfantasy, "Critique - Capitale du Sud T.1 Le Sang de la Cité (Guillaume Chamanadjian) : un début de trilogie exceptionnel avec un amour de la vie, de la musique et de la bonne chère", Louis Cinak, 12/10/2022
- Article de Master Pingu, Blog de la médiathèque de Bourg-la-Reine, 05/10/2021
- Article de myloubook, 17/09/2021