*** 8,5/10 *** Je suis toujours vivant - Roberto Saviano et Asaf Hanuka

Je ne lis habituellement pas de romans graphiques ni de bd mais cette fois, après avoir parcouru quelques pages, je n'ai pas eu le choix. Je vous présente aujourd'hui un coup de poing, une ode à la liberté et une histoire à connaître, à entendre, à raconter. 

Source de la photographie

Roberto Saviano est un écrivain napolitain célèbre pour ses nombreux romans traitant de la mafia, notamment Gomorra écrit lorsqu'il avait 26 ans (publié en 2006). 
Depuis quinze ans, sa tête est mise à prix par la camorra. Il vit sous protection et n'a pas d'endroit à lui, il bouge constamment et est emprisonné dans une vie en suspens, mise entre parenthèse "Je rêve d'une chose vivante. Faire l'amour : tout ce qui m'aide à me sentir accepté est lié à la vie." 

"Je vous présente aujourd'hui un coup de poing [...]"



C'est son autobiographie, son histoire, racontée, détaillée brutalement, authentiquement, sans fioriture, dans l'ordre chronologique des faits. 
Ce qui m'a frappée (et émue), c'est l'accord parfait entre le texte et le dessin. 
Le dessin, précis, brut, parfois triste suit laconiquement l'histoire. On débute avec des couleurs franches et frappantes : du noir, du blanc et du rouge. Beaucoup de rouge. Ce rouge symbolisant la mort, le danger, le risque mais aussi la vie, qui est toujours là. Derrière tout ce rouge s'élève et tente de vivre Roberto Saviano. 
Puis, peu à peu, viennent s'ajouter de nouvelles couleurs : le bleu pour la fuite, derrière l'espoir le vert puis vient la liberté avec du jaune. 

Nous voilà brutalement plongé dans le triste quotidien d'un homme qui n'a voulu que justice, rester droit, coûte que coûte, ne pas flancher. Il cite le journaliste et écrivain Corrado Alvaro qui a dit "Le désespoir le plus terrible qui puisse s'emparer d'une société, c'est de se mettre à douter qu'une vie honnête ait la moindre utilité."

Puis p.29 "Après tant d'années passées sous protection policière, on est pris dans une dynamique étrange, que seuls ceux qui sont dans ma situation peuvent comprendre. D'un côté, il y a les gens qui pensent que vous êtes déjà mort et, de l'autre, ceux qui jugent que si vous êtes vivants, c'est que vous êtes un imposteur."

Dans son écriture, il emploie la ponctuation de manière à rythmer et accentuer son propos. Regardez l'usage du point final, ce point qui n'engage aucun doute, pas de suite, pas d'interrogation suspendue. Un fait établi. Seulement ça.

p.37 : "C'est comme de vivre dans un aquarium : les autres me regardent et je les regarde. A travers une vitre. Je retiens mon souffle et je persiste à croire que tant que les choses sur lesquelles je veux agir sont plus nombreuses que celles que l'on m'empêche de faire, je peux y arriver. Qui sait si c'est vrai."


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8,5/10

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