" Se trouver dans un trou, au fond d'un trou, dans une solitude quasi totale et découvrir que seule l'écriture vous sauvera. "
Marguerite Duras
Le premier qui m'ait donné envie d'écrire est certainement Jean-Claude Mourlevat qui m'a fait découvrir la fluidité d'un récit de fiction et la plongée totale dans une aventure passionnante (Tomek, 2000), suivi par Philip Pullman et sa trilogie A la croisée des mondes (1995). Ensuite, vint le premier roman "adulte", le fameux Misery (1987) de Stephen King qui me coupa le souffle et me démontra que des émotions, même méconnues, même enfouies bien loin en nous, pouvaient surgir à la "simple" lecture d'un roman.
Comment de simples mots, mis à la suite les uns des autres, peuvent nous faire plonger dans un monde aussi réel, profond, détaillé, nous faire voyager et vivre une aventure commune bien que si personnelle, nous, lecteurs, assis dans notre canapé, notre livre à la main. Et lorsqu'une personne du monde réelle vient à interrompre notre lecture, nous levons la tête, les yeux perdus et la tête ailleurs, il nous faut alors quelques secondes pour revenir, comme en état de transe. De simples mots imprimés.
Tant de livres et pourtant, les "bons" sont si rares. Les pépites qui nous bouleversent, citoyens noyés sous le flot des informations à longueur de journée, happés par nos smartphones, la presse, la télé, la radio, les jeux vidéos, les magasines, les podcasts, les playlists, les vidéos, Facebook, Instagram, Tiktok, Whatsapp, les réunions de famille, les réunions de travail, les soirées, le métro, le vélo, la voiture, les séances de sport...
Puis on dit stop, on arrête tout, on se cale et on ouvre un livre, avec toujours une pointe d'excitation, avec l'espoir de tomber sur une pépite et de s'en retrouver changer. Car la lecture nous change, petit à petit, chaque livre, bon ou mauvais, nous grandit un peu, nous apporte un peu, nous enlève aussi, il m'est arrivé de sortir d'un livre avec un peu moins d'insouciance (Sanctuaire du cœur, Duong Thu Huong, 2011), plus mature, enjouée, triste ou juste apaisée.
Lire change la vie. Lire est bouleversant. Lire est passionnant.
" L'art de l'écriture, d'après mon expérience, exige un engagement féroce et dévorant, un refus de se laisser distraire."
Pico Iyer, The Man Who Told Futures
J'enchaine ainsi avec le cœur du sujet : les auteurs sont de grands lecteurs. Il ne me semble pas possible de pouvoir écrire sans lire. L'inverse devrait donc se vérifier, si vous lisez beaucoup, vous êtes capable d'écrire. De là à vous dire si vous êtes bons...
Mais pourquoi veut-on écrire ?
Premièrement, l'écrivain(e), tout comme la libraire, est sur-représenté dans l'imaginaire collectif, dans les films, séries, c'est toujours une personne que l'on rêve d'être et ça a l'air si facile ! Une cigarette, un verre de vin, une nuit d'insomnie et les voilà génie de la littérature, adulés, leurs livres imprimés en vitrines des librairies !
Ce n'est pas facile, il travaille avec acharnement mais, après des moments d'intense solitude, la reconnaissance finit par arriver. Soudainement, son génie est révélé aux yeux de tous. Allez, avouez, ça vous fait rêver. La reconnaissance, la gloire, l'argent en écrivant. Sauf que, comme la vie, c'est bien plus compliqué. Enfin, c'est ce qu'on nous dit, c'est ce qu'on écrit et je pense que beaucoup se démotivent car c'est très compliqué, quasi impossible. Je ne suis pas d'accord. Déjà, je pense que c'est très français de commencer en disant que ce sera compliqué. C'est aussi facile de se démotiver, on a une excuse pour ne pas exécuter. Donc pourquoi ne pas essayer ? Les maisons d'édition sont toujours sur pied, elles existent, les éditeurs travaillent, pas pour rien donc si vous perdez espoir avant d'avoir essayé, il est certain que jamais votre manuscrit ne tombera sur leur bureau.
Deuxièmement, comme tout dans la vie, du moins c'est mon avis, il y a une part de hasard (je préfère le hasard à la chance). Même si vous êtes plein de talent, le timing compte, il faut que votre manuscrit tombe au bon moment, à la bonne personne. Conclusion, persévérez, croyez en vous, réfléchissez au timing. Le hasard, ça se provoque un peu aussi. Si vous avez des contacts dans le milieu littéraire, contactez les, c'est ce que je veux dire.
Troisièmement, enlevez vous de la pression. Simplifions le process, après tout, on écrit un livre, on raconte une histoire. Ne vous torturez pas l'esprit à essayer d'écrire comme quelqu'un d'autre, soyez vous-même. L'important est de prendre du plaisir à écrire.
Les conseils d'écrivains
Après avoir épluché de nombreux interviews d'auteurs sur la manière d'écrire (on en revient au rêve commun, chacun aimerait trouver une clé, un conseil qui nous aiderait comme par magie), plusieurs ne cessent d'apparaitre. Il serait idiot de ne pas prendre en compte des conseils répétés et partagés par les plus grands :
- Ecrire tous les jours : ici, l'idée est de créer une habitude. Comme le sport, cela entrainera votre corps et votre esprit à écrire, que vous soyez "en phase" ou pas. Ecrire est un travail.
- Ne vous préoccupez pas des autres : écrivez pour vous faire plaisir avant tout. N'écrivez pas pour plaire à un lectorat ou à une maison d'édition sinon, j'ai bien peur que vous ne preniez pas beaucoup de plaisir. Ecrivez ce que vous, aimeriez lire.
Fiction Writing Boot Camp - Marisha PESSL
Je ne cache pas ma passion pour Marisha Pessl, dont le premier roman publié La Physique des Catastrophes (Special Topics in Calamity Physics) fut une réussite. Dans son blog, deux articles traitent de l'écriture. Je les trouve très inspirants.
“Stop fixing as you go along and surge forward madly into the jungle.”
Ses conseils sont catégorisés :
Ici, comme une relation amoureuse, vous passerez par plusieurs émotions, parfois la joie, parfois le désespoir. Le but de ce paragraphe est de vous faire comprendre de ne pas abandonner.
L'idée sous jacente est d'écrire ce qui nous plait, de trouver votre voie. Si vous souhaitez écrire de la science-fiction, faites le. Vous vous connaissez, suivez votre instinct.
Tous les écrivains se rejoignent sur ce point, et c'est certainement le plus compliqué. L'idéal est de respecter toujours le même horaire, chaque jour.
Gardez pour vous votre projet. Bien sûr, vous pouvez parler autour de vous de votre projet d'écriture, il est important d'être soutenu par vos proches. Mais attention à ne pas crier sous les toits les détails, restez focus.
- Rédiger un premier brouillon rapide
Le brouillon, comme sa définition l'indique, n'a pas à être parfait.
Il est toutefois primordial de préparer la structure de votre récit. Vous pourrez par la suite suivre ces indications.
"though if you decide to do this, please proceed with caution: sentences are less brilliant than they appear".
- Pas de smartphone pendant l'écriture
Rester focus sur son travail.
Here an interesting article (in English) written by Michelle Richmond. She is a published author and she gives precious advices.
Blog : The Caffeinated Writer
