*** 8/10 *** Une histoire des loups - Emily Fridlund

Un roman maîtrisé, puissant et singulier



Emily Fridlund respecte les codes du roman contemporain américain.

C'est l'histoire d'une jeune fille, Madeline, vivant -avec ses parents- dans une cabane enfouie en pleine nature, dans le Minnesota. Pour se rendre à l'école, il lui faut marcher une heure. Mais un jour, en face de chez elle, de l'autre côté du lac, vont emménager une femme et son enfant. Madeline va alors devenir la nounou du petit et rentrer peu à peu dans l'intimité de cette étrange famille. Jusqu'au jour où le père rentre ...

La force de ce roman n'est pas seulement le scénario, très bien exécuté, c'est la façon dont l'auteure nous décrit le monde, à travers les yeux de cette adolescente. Nous sommes là, à scruter la perception d'une jeune femme, on ne peut prendre pour acquis tout ce qu'elle dit, elle ressent le malaise chez les autres, décrypte les détails, nous en fait part avec confiance, en tire des affirmations que nous, lecteurs, gobons sans faire mouche.




Extraits

p.14 (début du roman, l'héroïne raconte le décès de son professeur d'histoire en 3ème)

"On était tous dégoûtés. Les scouts se chamaillaient à propos des meilleures techniques de réanimation, les élèves à haut potentiel analysaient ses symptômes avec des chuchotements hystériques. Je dus me forcer à marcher jusqu'à lui. Je m'accroupis pour saisir sa main semblable à de la viande sèche. C'était début novembre. Il bavait sur la moquette, aspirant l'air à intervalles de plus en plus longs, et je me souviens qu'une vague odeur de feu flottait dans l'air. Quelqu'un brûlait des déchets dans des sacs en plastique, un gardien nettoyant les feuilles et les pelures de citrouille avant la première grosse neige."


p.123

"Vous savez bien comment vont les étés. On les attend impatiemment, impatiemment, mais il y a toujours quelque chose qui cloche. Où que l'on regarde, les insectes font bourdonner l'air ; les oiseaux, énormes, pillent les arbres; les feuilles alourdissent les branches. On veut l'entraver, le détruire, casser des choses. Les après-midi sont obèses, interminables. On veut voir si on peut faire quoi que ce soit qui compte."


L'avis de Charlotte

Excellent, à dévorer, à acheter dans la belle collection Gallmeister 

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8/10

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