Peut-être est-ce le fait qu'un des romans de David se nomme La délicatesse (Gallimard, 2009), en tout cas, le premier terme qui me vient à l'esprit lorsque je souhaite décrire son écriture est "tendre". Elle l'est et elle est drôle, parfois, souvent. Tendre et drôle. A la page 34, il écrit "On croit que le Graal est la publication. Tant de personnes écrivent avec ce rêve d'y parvenir un jour, mais il y a pire violence que la douleur de ne pas être publié : l'être dans l'anonymat le plus complet. [...] Il aimait cette posture du jeune homme qui écrit et qui, bientôt, aurait un premier roman à paraître. Mais que pouvait-il espérer maintenant que la réalité avait habillé son rêve d'un vêtement misérable ?". Soit, je ne ris pas à gorge déployée, cependant, ces passages sont remplis d'humour et de vérité !

--- Extrait ---
Quatrième de couverture (Gallimard, 2016)
"En Bretagne, un bibliothécaire décide de recueillir tous les livres refusés par les éditeurs. Ainsi, il reçoit toutes sortes de manuscrits. Parmi ceux-ci, une jeune éditrice découvre ce qu’elle estime être un chef-d’œuvre, écrit par un certain Henri Pick. Elle part à la recherche de l’écrivain et apprend qu’il est mort deux ans auparavant. Selon sa veuve, il n’a jamais lu un livre ni écrit autre chose que des listes de courses... Aurait-il eu une vie secrète? Auréolé de ce mystère, le livre de Pick va devenir un grand succès et aura des conséquences étonnantes sur le monde littéraire. Il va également changer le destin de nombreuses personnes, notamment celui de Jean-Michel Rouche, un journaliste obstiné qui doute de la version officielle. Et si toute cette publication n’était qu’une machination? Récit d’une enquête littéraire pleine de suspense, cette comédie pétillante offre aussi la preuve qu’un roman peut bouleverser l’existence de ses lecteurs."
Voici un petit extrait que vous découvrirez à la deuxième page du roman, je ne vous gâche donc rien de la découverte de l'histoire…
"Jean-Pierre Gourvec était fier de la petite pancarte qu'on pouvait lire à l'entrée de sa bibliothèque. Un aphorisme de Cioran, ironique pour un homme qui n'avait pratiquement jamais quitté sa Bretagne : "Paris est l'endroit idéal pour rater sa vie." Il était de ces hommes qui préfèrent leur région à leur patrie, sans pour autant que cela fasse d'eux des excités nationalistes. Son apparence pouvait laisser présager le contraire : tout en longueur et sécheresse, avec des veines gonflées qui lui striaient le cou et une pigmentation rougeâtre prononcée, on imaginait immédiatement qu'il présentait la géographie physique d'un tempérament colérique. Loin de là. Gourvec était un être réfléchi et sage, pour qui les mots avaient un sens et une destination. Il suffisait de passer quelques minutes en sa compagnie pour dépasser le stade de la première et fausse impression ; cet homme offrait le sentiment d'être capable de se ranger en lui-même."
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7,5/10
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