Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie - Nick Flynn

L'écriture est brute, raide, poétique. Comme un doux souvenir de Salinger...


Jonathan, le père, tantôt écrivain mythomane, tantôt sans-abri.

Nick Flynn, le fils, doux poète, marin à ses heures perdues et travailleur dans un centre social pour aider les SDF. Il aide les sans-abri mais pas son père, même lorsqu'il en devient un. 


"Nombreux sont les pères absents. Ils partent, on les quitte. Certains reviennent, méconnaissables, affamés. Seul le chien se souvient."



Les chapitres courts suivent une chronologie. Jonathan, Nick, nous apprenons petit à petit à connaitre ces personnages abîmés par la vie à travers ces pages. 



Extrait

"J'ai vraiment beaucoup apprécié - en tant qu'écrivain - mon séjour au Pine Street Inn. Quel plaisir de rester debout, le dos au mur, à regarder travailler mon fils. Elles on été longues, bien longues, ces vingt-cinq années. 
Que ça te plaise ou non, tu es moi. Je le sais. 
Lors de ma dernière soirée à Pine Street, en attendant huit heures, j'ai songé que si ta merveilleuse mère était vivante pour voir cette scène, son fils cadet au travail et son Père hébergé à Pine Street - un foyer de SDF, pour les hommes déchus, meurtris, les exclus du grand jeu de la vie, Jody aurait éclaté de rire face à cette caricature de scène macabre. Je ne peux pas récupérer mon permis avant un mois, j'essaie de trouver un autre travail. C'est dur, très dur.
Quelques lignes pour finir, Nick. C'est une honte que le Pine Street autorise à fumer dans son enceinte. Indécent, tout simplement. Je suis un non-fumeur invétéré. 
D'après Eno les Moineaux, au 27 Putnam Street, tu serais tombé dans la drogue : bien du plaisir, si c'est le cas.
Avec toute mon affection, et ma considération, 
                                                                                                                   Ton Père, Jonathan."


A Boston, nous découvrons ce que signifie être sans-abri bien que le bouquin ne tombe à aucun moment dans la catégorie moralisateurs ou bien même étude sociologique cachée sous un roman. Toutefois, la misère reste présente, poignante, touchante.

"Quelque chose en moi savait qu'il réapparaitrait, que si je restais assez longtemps au même endroit, il me trouverait, c'est ce que l'on recommande aux enfants, s'ils se perdent. Mais on ne dit pas quoi faire si les deux sont perdus, et se retrouvent au même endroit à attendre."

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Nick Flynn, l'auteur, a un style superbe et maîtrise l'art de l'écriture de manière générale.  Le livre s'engloutit, petit à petit, comme un recueil de poème, les mots flottent, même sans faim.

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Comprendre l''amour d'un père absent, alcoolique, pathétique pour comprendre sa propre existence, voici, d'après moi, l'essence même de ce livre.

A lire.

8/10



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Un dernier extrait :
"Les écrivains, et en particulier les poètes, sont sujets à la folie. La crise de folie guette toujours le créateur. 
Pourquoi les créateurs sont-ils plus exposés à la folie ? C'est qu'ils sont doués à la fois d'une énergie peu ordinaire et d'une exceptionnelle capacité à voir le monde sous un jour nouveau, tandis que leur tendance dépressive les rend sensibles à la souffrance."